Liquidité

La liquidité. Un terme souvent cité, rarement expliqué avec simplicité. Elle désigne la rapidité avec laquelle vous transformez un actif en numéraire sans rogner son prix. Convertir un portefeuille d’actions prestigieuses prend quelques secondes ; céder un immeuble cossu, parfois plusieurs mois. Pourtant, cette notion ne sert pas qu’aux traders de salle des marchés. Dans la gestion de patrimoine, elle devient un garde-fou : avoir la faculté de mobiliser du capital quand l’imprévu frappe. Imaginez des frais de santé imprévus ou la belle opportunité d’entrer au capital d’une start-up familiale. Sans liquidité, l’occasion file ou la contrainte s’éternise.
Les paradoxes de la liquidité sur le marché des SCPI
Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier jouent un rôle hybride. Elles détiennent des murs — bureaux, commerces, cliniques — mais leurs parts s’échangent comme des titres. À première vue, on pourrait croire la liquidité modeste : l’immeuble ne se téléporte pas, les baux courent sur neuf ans, et la due diligence prend du temps. Pourtant, la réalité est plus nuancée. Les plateformes digitales ont raccourci le délai de revente de plusieurs semaines à quelques jours lorsqu’un carnet d’ordres actif existe. Exemple : sur une SCPI spécialisée en logistique urbaine, la file d’attente d’acheteurs sur le marché secondaire s’allongeait en 2020. Pendant la même période, une SCPI de centres commerciaux restait moins recherchée, freinant la sortie des associés. Autrement dit, la liquidité n’est pas figée ; elle varie selon la thématique, la taille du véhicule et l’humeur générale du marché.
S’ajoute un second paradoxe : la perception. Beaucoup assimilent « liquide » à « sans risque ». C’est trompeur. Vendre dans la précipitation peut coûter cher si la demande se tarit subitement. À l’inverse, conserver des parts lors d’une embellie permet de profiter d’une revalorisation. L’enjeu consiste donc à calibrer son horizon : garder ce qui fructifie lentement mais sûrement, liquider ce qui doit rester agile. L’investisseur averti ne cherche pas la liquidité maximale ; il vise la liquidité adéquate.
L'évolution de la liquidité : un défi et une opportunité
Les cycles économiques chamboulent la fluidité des marchés. Pendant les phases d’expansion, l’argent circule, les acheteurs se bousculent et les actifs s’arrachent. Souvenez-vous de 2019 : lever des fonds pour un hôtel lifestyle prenait à peine trois mois. Deux ans plus tard, au cœur de la pandémie, les mêmes murs faisaient l’objet de négociations laborieuses, chacun redoutant la fermeture des frontières. Ce va-et-vient crée un terrain de jeu pour celui qui sait lire les signaux faibles : taux long terme, volume des transactions, évolution des loyers. Concrètement, vendre une part de SCPI logistique quand le e-commerce explose peut se faire à prix plein. Tenter la même manœuvre sur des surfaces de bureau standardisées dans un contexte de télétravail massif exigera probablement une remise.
Exemple concret illustrant la liquidité
Imaginez Claire, chirurgienne libérale. Elle détient 200 000 € d’actions internationales et 150 000 € de parts de SCPI santé. Une urgence familiale survient : elle doit libérer 50 000 € sous dix jours. Sa banque exécute la vente d’actions en 24 h. Les parts de SCPI ? Elles trouveront preneur en une à deux semaines, selon la profondeur du marché secondaire. Claire accepte ce différé car la SCPI lui verse 5 % net annuel, soit bien plus que son livret A. Moralité : la liquidité se réfléchit, elle ne se subit pas. Prévoir un matelas d’actifs ultra-liquides limite les sacrifices quand la vie accélère.
Les indices de la liquidité : un aperçu chiffré
Comment mesurer concrètement cette fameuse liquidité ? Trois indicateurs suffisent souvent à se faire une idée limpide. Premier baromètre : le spread, c’est-à-dire l’écart entre prix d’achat et de vente. Plus il est étroit, plus l’actif est fluide. Sur le CAC 40, le spread frôle parfois le centime ; sur certaines SCPI, il peut grimper à 2 %. Deuxième repère : le volume quotidien ou hebdomadaire d’échanges. Un titre qui tourne dix fois par jour sortira plus facilement de votre portefeuille qu’un autre échangé une fois par mois. Troisième critère : le délai moyen de règlement-livraison, appelé D+2 sur actions cotées, de l’ordre de plusieurs jours sur parts de SCPI. Ces chiffres, disponibles dans les reportings ou les fiches ISIN, offrent un tableau clair.
Attention toutefois à ne pas se laisser hypnotiser par les seules statistiques. Un marché peut sembler liquide jusqu’à ce qu’un choc exogène surgisse : crise sanitaire, remontée brutale des taux, incertitude géopolitique. Dans ces moments-là, même les actifs réputés liquides patinent. Garder un coussin de cash, diversifier les classes d’actifs et définir un plan de désinvestissement gradué restent les meilleures assurances. La liquidité, c’est un peu comme l’oxygène : on y pense rarement quand tout va bien, on en manque cruellement quand la pression monte.
